"DANS CES MOMENTS-LÀ"
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8 conseils pour annoncer sa grossesse à des ami·e·s qui ont perdu un bébé

​Vous êtes enceinte (ou avez récemment accouché) et vous ne savez pas très bien comment l'annoncer à ce couple d'amis (à vos cousins, ou à votre collègue...) car ils ont perdu un bébé.

Votre embarras est légitime : vous êtes tout à votre joie, mais vous savez aussi que leur bébé est décédé. Vous vous dites peut-être que si vous partagez votre bonheur, cela risque de les blesser. À l'inverse, vous vous demandez peut-être si les tenir à l'écart est une bonne option. ​

Si vous n’y faites pas attention, il est possible qu’un gouffre se creuse entre vous, tant vos réalités sont différentes. Or, c’est probablement la dernière chose que vous souhaitez. 

Alors, que faire ? Pour éviter de peiner vos ami·e·s avec l'annonce de votre grossesse ou de voir le lien s'effilocher entre vous, je vous propose 8 pistes, en complément au livre Dans ces moments-là.

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​DANS UN PREMIER TEMPS,
​privilégiez l'écrit

Les parents que j'ai interviewés m'ont souvent dit qu'il était plus facile de recevoir la nouvelle par écrit que par téléphone ou en face-à-face. Ils seront peut-être submergé·e·s par les émotions à l'annonce de votre grossesse. Même si elles ne sont pas dirigées contre vous, leur tristesse, voire leur colère ou leur jalousie sont légitimes dans ces moments-là. Seulement, ils ne voudront probablement pas vous les montrer, de peur de gâcher votre joie. Or, si un torrent d'émotions déferle, ce sera difficile voire impossible pour eux de le retenir. L'immédiateté du face-à-face n'est donc pas idéale.

Si vous annoncez votre grossesse par écrit, cela laissera aux parents la liberté de :
  • Choisir le bon moment pour lire votre lettre (c'est l'avantage du "différé") ;
  • Vivre leurs émotions sans devoir les retenir ou faire bonne figure ; 
  • Digérer l'information et ensuite seulement revenir vers vous (car bien souvent, même si cette nouvelle est très confrontante pour eux, ils peuvent aussi être heureux pour vous).

Cela dit, même si l'on peut faire passer beaucoup de choses dans une lettre, certains parents endeuillés peuvent trouver l'écrit un peu trop froid ou impersonnel. Pour eux, il sera alors préférable d'en parler de vive voix et dans ce cas, je vous invite à préparer à l'avance cette rencontre avec soin (voir points suivants). Cela vous permettra, le moment venu, de faire preuve de délicatesse.

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dites ​bien aux parents que
vous voulez ​faire les choses avec délicatesse

Voici ce que vous pourriez dire aux parents, si cela sonne juste pour vous :

« Nous vous écrivons une petite lettre car nous avons une nouvelle à partager avec vous, nous attendons un petit garçon / une petite fille.

​
Nous imaginons et comprenons que les annonces de grossesse peuvent être douloureuses et qu'il vous est peut-être difficile de vous réjouir pour les autres en ce moment. Nous ne vous demandons pas nécessairement de réagir à notre message, mais nous souhaitions quand même que vous l'appreniez par nous, plutôt que par d'autres.

Nous ne voulons pas vous tenir à l'écart, mais notre but n'est pas de vous blesser non plus (on le regretterait fortement si c'était le cas). Alors on a pensé que vous l'annoncer par écrit serait peut-être plus approprié.

Si cela vous convient, faites-nous signe et nous vous appellerons aussi (ou 
vous rendrons visite) pour prendre de vos nouvelles, pour écouter vos préférences par rapport à notre grossesse (par exemple : avoir un peu, beaucoup, ou pas du tout de détails), et/ou pour vous entendre par rapport à votre deuil en ce moment si vous le souhaitez.

V
ous êtes très présents dans notre coeur, tout comme votre petit·e [prénom de leur bébé], et nous pensons fort à vous... »
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POSEZ-LEUR DES QUESTIONS POUR comprendre
​LEURS PRÉFÉRENCES

Certains parents endeuillés sont d'accord d'entendre tous les détails de la nouvelle grossesse, d'autres ne seront pas intéressés. Certains sont tranquilles à l'idée de voir défiler les photos de votre ventre qui s'arrondit sur Facebook ou Instagram, d'autres ne voudront pas y être exposés. Certains préfèreront recevoir un peu moins de détails que le reste de votre groupe d'amis, alors que d'autres préfèreront être dans la boucle au même titre que les autres. Certains seront d'accord d'être dans une liste de diffusion si vous envoyez des messages groupés à tous vos amis, d'autres seront plus à l'aise avec des messages individuels et peut-être moins fréquents. Certains voudront être invités si vous faites une petite fête avant la naissance, ou si vous acceptez les visites après l'accouchement, tandis que d'autres le ne souhaiteront pas, etc.

Comme vous le voyez, les possibilités sont nombreuses et il est quasi impossible de deviner à l'avance ce que les parents préfèrent. Par contre, si vous leur posez directement la question, ils seront certainement en mesure de vous guider : « Oui, cela nous conviendrait / non, cela ne nous convient pas ». Vous aurez alors des clés de compréhension et saurez quelles attitudes adopter.

Et puis, sans juger, commenter ou essayer d'orienter leurs réponses, alignez-vous tout simplement sur ce qu'ils vous disent. Cela vous économisera du temps (vous ne devrez plus vous casser la tête et y réfléchir pendant des heures) et vous évitera de faire, même sans le vouloir, des maladresses. 

Donc, vous pourriez rajouter quelque chose comme : « Tu es mon ami·e et je tiens à toi. Je peux imaginer que ma grossesse soit confrontante pour toi, alors dis-moi s’il y a des choses que tu aimerais que je fasse ou, à l'inverse, des choses que tu préfèrerais que je ne fasse pas ».

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les parents ont ​le droit
​de réagir à leur manière

Certains parents endeuillés peuvent avoir des réactions auxquelles vous ne vous attendez pas. Par exemple, certains voudront se protéger tant leur chagrin est profond, et vous voir moins pendant quelque temps. Cela n'est pas dirigé contre vous, c'est juste que c'est trop douloureux pour eux.

​Si vous entendre parler de la grossesse les fait pleurer, sachez aussi qu'ils peuvent se réjouir pour vous mais que l'absence de leur bébé leur fait mal. Et dites-leur que vous comprenez. S’ils ne décrochent pas le téléphone car vous parler est trop douloureux certains jours, dites-leur que vous comprenez.

Rassurez-les bien à l'avance et dites-leur :
  • Que vous pourrez accueillir leurs réactions, quelles qu'elles soient : « Si vous ne nous répondez pas, c'est okay. Si vous ne pouvez pas vous réjouir pour nous en ce moment, c'est okay. Si vous ne "likez" pas nos photos de grossesse, c'est okay. Si, pendant un temps, vous préférez même ne plus nous voir, c'est okay. On pourra tout à fait comprendre. » ;
  • Que vous pouvez passer de la joie d'attendre un bébé à la peine qui les habite, que les deux sont possibles pour vous ;
  • ​Que vous ne voulez pas qu'ils se sentent obligés de "faire semblant", qu'ils peuvent être eux-mêmes avec vous et que vous chérissez l'authenticité.
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À CÔTÉ DU VÔTRE, FAITES DE LA PLACE ​AUSSI POUR LEUR BÉBÉ

De nombreux parents endeuillés m'ont dit à quel point cela les avait touchés quand leurs ami·e·s qui attendaient un bébé parlaient de leur grossesse, mais pouvaient aussi faire de la place pour le bébé décédé.

Si vous avez envie d'honorer leur petit, vous pouvez :

​
  • Leur offrir un petit cadeau en souvenir de leur bébé, si vous ne l’aviez pas déjà fait au moment du décès (une bougie, une orchidée, un bijou, etc.). Cela permettra à vos ami·e·s d'être reconnu·e·s dans leur statut de parents, surtout si c’était leur premier enfant, et de sentir que vous pensez toujours à lui. 
 
  • Les inviter à vous parler de leur bébé s'ils en ont envie. La plus grande peur des parents est souvent que leur bébé soit oublié. Alors s’ils souhaitent vous en parler et que vous les écoutez, cela leur fera certainement beaucoup de bien. Les parents m'ont souvent dit :  « C'est comme du baume au coeur pour nous quand nos proches osent prononcer le prénom de notre bébé et qu'ils nous tendent des perches pour parler de notre deuil. »
​​
  • Leur envoyer un petit mot autour des principales dates clé. Je pense  par exemple à la fête des pères ou des mères, à Noël, à la date du terme prévu ou la date du décès de leur petit, etc. Même si vous êtes tout à votre joie avec le vôtre, montrez aux parents que vous pensez aussi à leur bébé (sur la durée et pas qu'au début de leur deuil). Votre douceur et votre délicatesse les rassureront certainement profondément.

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CONTINUEZ À INCLURE
VOS AMI·E·S

Vos ami·e·s endeuillé·e·s seront peut-être très touché·e·s si vous continuez à les inviter. Beaucoup de parents m'ont dit avoir eu l’impression de porter la mort sur eux, comme des pestiférés, et que plus personne ne voulait les inviter à des soirées. « Ils devaient se dire qu'on allait plomber l'ambiance avec notre histoire, mais nous on avait besoin de garder le contact avec nos amis ! »
​
En les incluant dans votre vie, vous envoyez à vos ami·e·s le message qu'ils comptent pour vous. Peut-être accepteront-ils l'invitation du premier coup, ou la déclineront-ils une fois, trois fois ou plus. Mais au moins, ils ne se sentiront pas mis de côté et seront rassurés quant au lien qui vous unit.
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parfois, il sera préférable
​de partager certains détails de votre grossesse
​avec d'autres personnes

Au cours de votre grossesse, vous allez vivre des moments de pur bonheur. Vous sentirez votre bébé bouger pour la première fois, vous achèterez une jolie layette, vous trouverez - je vous le souhaite - une place dans la crèche de vos rêves, votre coeur s'emballera en voyant le sien à l'échographie...

Et les jours où votre joie débordera, il sera peut-être préférable de trouver d'autres personnes avec qui la partager. Ou au moins de moduler vos récits en fonction de ce que vos ami·e·s seront prêt·e·s à recevoir. 

De même, les jours où vous ressentirez une grande fatigue, où vous aurez peut-être du reflux ou d'autres désagréments corporels, où vos nuits seront courtes, où vous éprouverez une difficulté de parents quelle qu'elle soit, il sera préférable d'en parler avec d'autres personnes, ou en tout cas de ne pas vous plaindre à eux en permanence. Les parents endeuillés m'ont souvent dit : « On donnerait cher pour manquer de sommeil la nuit et devoir nous lever pour notre petit… »

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REspectez le rythme
​du deuil de vos ami·e·s

Ne les brusquez pas dans leur tempo. Même si vous aimeriez qu'un nouvel enfant arrive vite chez eux, pour les voir heureux à nouveau et que leur futur bébé et le vôtre puissent jouer ensemble, il est important de leur laisser le temps. Le temps qui sera juste pour eux.

Certains parents endeuillés voudront essayer d'avoir un nouvel enfant juste après le décès de leur bébé, pour d'autres cela arrivera des semaines voire des mois ou des années plus tard. Le rythme d’un deuil ne se compresse pas, ne se contrôle pas, ne se décide pas.

Beaucoup m'ont dit craindre la question « Alors quand est-ce que vous vous y remettez ? »  À l'inverse, beaucoup apprécient quand les proches peuvent aller au même rythme que celui de leur deuil.

​Vous leur ferez un beau cadeau à ne pas vouloir "forcer" leur bonheur ou une nouvelle grossesse. Le deuil est un chemin qu'il faut respecter.
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