Armelle, toujours... Qui nous parle aujourd'hui de la réaction de leurs amis. Beaucoup d'amour à nouveau...
« La mort est un tabou. Du coup, les gens ne savent pas quoi dire ou quoi faire. Ils ont peur d’être maladroits. Je leur disais : "ça n'est pas grave, tu as appelé, c’est déjà beaucoup !" Les gens étaient mal à l’aise et on le comprend. En fait, il n’y a pas besoin de dire beaucoup de mots. Juste une marque d’attention, comme une carte ou une citation, pouvait nous faire déjà beaucoup de bien. Et puis dans notre couple, on communiquait beaucoup autour de Lénora. Vers notre entourage aussi. Et à un moment, on ne voulait plus inviter d’amis. Mais ça ne voulait pas dire qu’on ne voulait voir personne. Au contraire, ça nous faisait du bien d’être invités. Alors on leur a dit : "on n’a plus la force de vous inviter mais on veut bien aller chez vous". On portait la mort sur nous, mais les amis ont quand même compris que c’était important de ne pas nous laisser tomber et ils ont continué à nous inviter. On n’hésitait pas à parler de Lénora. Parfois on pleurait et ça n’était pas toujours facile pour les autres. Ils s’arrêtaient, en plein milieu de la conversation, en disant qu’ils étaient désolés. Mais nous, en fait, ça nous faisait du bien d’en parler, de partager des moments comme ça avec eux. Il n’y a jamais eu de pitié de leur part. Au contraire, souvent les gens nous disent qu’ils trouvent ça beau, la manière dont on parle de notre fille. Ils sont admiratifs, et moi j’en suis fière aussi ! Ils me disent souvent "il n’y a rien de plus terrible que la perte d’un enfant, comment as-tu réussi à être aussi forte ? Comment as-tu réussi à te reprendre en main ?..." En fait, bien sûr que tu peux te reprendre en main. La vie ne s’arrête pas là. On ne pouvait pas partir. Il y avait juste trop d’amour entre Freddy et moi. »
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Aujourd'hui, j'ai envie de vous parler d'Armelle...
« En 2011, je suis tombée enceinte. Tout se passait bien, c'était une très belle grossesse... jusqu’à 7 mois, où le cœur de Lénora s’est arrêté. On a fait une autopsie, et aujourd’hui encore, on ne sait toujours pas pourquoi son cœur s’est arrêté. L’annonce de la mort a été un moment horrible. Je me souviens des paroles blessantes d’un obstétricien qui nous a dit : "On ne vit pas dans un monde de bisounours". A Freddy (mon mari) qui est pompier, il a rajouté : "Oh, vous, vous avez l’habitude de ce genre de situations". Il avait rien compris. C’était notre enfant-là, ça n’avait rien à voir avec ce que mon mari vit dans son métier ! C’était tellement dur à entendre, d’autant que c’était les toutes premières paroles qui nous ont été dites… La période d’attente entre l’annonce de la mort et l’accouchement a été une période indescriptible. Il n’y a même pas de mots à mettre. On ne voulait voir personne, c’était trop difficile. Après l’accouchement, on nous a proposé de voir Lénora. J’avais beaucoup d’appréhension, mais la présence de Freddy m’a donné la force d’oser voir ma fille. Ça me semble, aujourd’hui, essentiel au travail de deuil, et je sais que ça nous a permis aussi d’être dans la même dynamique, Freddy et moi. C’est lui qui l’a portée. C’était dur quand on me l’a apportée, mais je me suis dit que ce serait le seul moment que j’allais avoir avec elle. Alors j’en ai profité. On a vu la beauté en elle. On l’a regardé sous toutes les coutures. Presque au point d’en oublier qu’elle était morte. On lui a fait des bisous, on a observé son petit corps qui était tout bien formé. Le découvrir nous a fait dépasser la mort… Je pensais que ça allait être dur, en fait j’ai passé un « bon » moment. Quand j’en parle, les gens ne comprennent pas forcément. Mais pourquoi ne pas la trouver belle finalement ? C’est ma fille. C’est la plus belle ! C’est d'ailleurs ce que disent tous les parents à la naissance de leur enfant, non ? Pour nous, le fait d’être confronté à cette réalité nous a permis de poser des actes. On se demandait si on allait se réveiller de ce cauchemar... Et la voir nous a permis d’entamer le processus de deuil. On l’a vue aussi dans son cercueil. Et puis on a des photos qu’il m’arrive aujourd’hui de regarder quand j’en ai envie. Car j’ai besoin de me ressourcer, de me rapprocher d’elle. On n’a pas toujours vécu les mêmes choses et au même rythme, dans notre couple. Mais il y en avait toujours un pour remonter l’autre. On s’est toujours tirés l’un l’autre vers le haut. Par exemple, c'est Freddy qui a appelé l’ensemble de la famille pour leur annoncer la nouvelle à chacun verbalement. Et puis il a appelé tous les amis aussi. Je trouve que c’était un immense acte de courage. Les gens ont apprécié aussi. Ca a évité qu’il y ait des rumeurs, les gens avaient tous entendu les mêmes mots de Freddy. Moi j’en étais incapable. Je trouve qu'il a été extrêmement courageux... De mon côté, je savais trouver les paroles qui lui redonnaient espoir, apparemment. D'autres fois, quand il allait moins bien et que je lui proposais d'aller voir notre thérapeute, ça l'aidait aussi à reprendre goût à la vie. On était vraiment là l'un pour l'autre... » |
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